Un rapport parlementaire remet en lumière un paradoxe français. Alors que la natalité revient dans les discussions, 52 % des personnes interrogées souhaitent trois enfants ou plus. Cette photographie d’opinion nourrit un débat sensible. Elle touche aux choix intimes et aux politiques publiques. Le mot-clé famille nombreuse cristallise les conditions nécessaires pour concrétiser un projet d’enfant. Le constat s’invite au cœur des politiques familiales.
Ce que révèle le rapport sur la famille nombreuse
Les premiers résultats viennent d’un questionnaire de la mission parlementaire sur la dénatalité. Le Figaro en a publié une synthèse le 12 décembre. Environ 30 000 personnes ont répondu. Jérémie Patrier-Leitus, rapporteur, parle d’un « intérêt majeur ». La consultation cherche aussi à identifier les blocages. Ce volume témoigne d’une mobilisation rare.
Dans les réponses, la famille nombreuse reste un idéal assumé. 52 % des participants disent rêver de trois enfants ou plus. Une enquête de l’Unaf, début 2024, situait cet idéal à un peu plus d’un tiers. Le rapport note donc un attachement plus marqué. Ce résultat surprend dans le contexte actuel.
La famille à deux enfants conserve sa place. 32 % la citent comme modèle souhaité. 7 % envisagent un enfant unique. 5 % déclarent ne pas vouloir d’enfant. Le mouvement « no kids » gagne en visibilité. Il demeure minoritaire. Ces choix coexistent, sans effacer l’envie de fratrie.
Le décalage autour de la famille nombreuse
Ce tableau contraste avec la démographie récente. En 2024, 660 800 bébés sont nés en France. L’indicateur conjoncturel de fécondité est tombé à 1,62 enfant par femme. Ce niveau n’avait plus été atteint depuis la fin de la Première Guerre mondiale. Ces chiffres alimentent les échanges sur la démographie.
Jérémie Patrier-Leitus évoque « le décalage croissant » entre désir d’enfant et fécondité. Il insiste sur une envie encore forte. Au printemps 2025, un seuil symbolique a été franchi. Sur douze mois consécutifs, les décès ont dépassé les naissances. L’alerte est nationale.
Ces chiffres ne résument pas les choix individuels. Ils pèsent pourtant sur l’organisation collective et ils questionnent la politique familiale, l’emploi et le logement. Ils renvoient aussi aux soutiens disponibles. L’écart entre projet et possibilité devient central, au-delà de la famille nombreuse. Reste à comprendre pourquoi l’intention cale. Les freins apparaissent d’abord matériels.
Freins concrets et couples fragilisés
Pour un premier enfant, les freins cités restent souvent généraux. Le coût financier arrive largement en tête. Viennent ensuite l’inquiétude sur l’avenir de la société. La conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle revient fréquemment. Beaucoup disent repousser le projet. Les répondants évoquent aussi l’incertitude professionnelle.
Pour un deuxième ou un troisième enfant, les raisons se concrétisent. Les répondants citent l’inflation et le coût de la vie. Le manque de garde accessible et le coût du logement reviennent souvent. Ces contraintes rendent la projection plus difficile. Elles pèsent sur l’idée de famille nombreuse.
Au-delà de l’argent, la stabilité du couple apparaît décisive. Le rapporteur parle d’une « véritable crise de la conjugalité ». Une étude de VersLeHaut, en 2021, reliait ce soutien au bien-être familial. Le Danemark a investi ce champ, avec des séances gratuites via les communes. Ce choix sert d’exemple dans le débat.
Des propositions attendues pour rapprocher désir et réalité
La mission d’information doit remettre son rapport final fin janvier. Elle veut réduire l’écart entre l’envie et la capacité réelle. Des mesures pourraient viser le budget, la garde et le logement. D’autres pistes peuvent toucher l’équilibre professionnel et la vie de couple. Les prochaines semaines diront si ces pistes rassurent. La prudence s’impose, car la famille nombreuse ne se décrète pas.






