Couleur des yeux qui change et cernes accentués : l’Anses met en garde sur les risques d’un produit qui fait pousser les cils

Anses

Un sérum qui promet des cils plus fournis peut aussi changer l’apparence du regard. L’Anses met en garde contre les risques liés à ces produits, utilisés tout près de l’œil. Une utilisatrice a signalé un changement de couleur d’un œil et des cernes plus marqués. L’agence invite à prendre ces signes au sérieux, sans banaliser l’usage quotidien. Ces effets peuvent durer.

Pourquoi l’Anses a été saisie

En février, une jeune femme a contacté l’agence après un usage prolongé d’un pousse-cils. Elle appliquait chaque jour le produit à la base des cils supérieurs. Après cinq mois, elle a vu la couleur de son œil gauche changer. L’iris est devenu nettement plus foncé que l’autre, selon elle.

Elle a aussi remarqué une perte de graisse autour des deux yeux. Les cernes se sont alors accentués, d’après son signalement. La différence s’est installée avec le temps. L’effet, jugé surprenant, inquiète par sa possible irréversibilité. L’Anses précise avoir reçu ce cas via sa surveillance des produits cosmétiques, en routine.

Dans ce dossier, l’agence pointe l’isopropyl cloprostenate présent dans le sérum. La molécule est présentée comme similaire aux prostaglandines. Ces substances servent en ophtalmologie, contre le glaucome. Même appliqué sur les cils, le produit peut pénétrer l’œil, même en faible quantité, rappelle le communiqué, et agir.

Ce que l’Anses retient des prostaglandines

Les prostaglandines traitent notamment le glaucome, maladie dégénérative du nerf optique. Leur usage est connu pour modifier l’iris chez certains patients. La teinte peut s’assombrir, du vert ou du bleu vers le marron. L’effet peut devenir définitif pour certaines personnes. Des irritations oculaires sont aussi rapportées, selon l’Anses.

L’agence évoque une fonte de graisse périorbitaire. Cela change le contour de l’œil et accentue les cernes. Environ 10 % des personnes soignées pour un glaucome subissent ces effets secondaires. Dans ce cadre médical, le risque est parfois accepté. Les patients reçoivent une information.

Pour un produit cosmétique, la balance bénéfices-risques paraît différente. Les utilisateurs ne trouvent pas toujours d’avertissement clair sur l’emballage. Sur France Info, le 12 décembre, l’ophtalmologiste Christophe Orssaud a jugé ces sérums nouveaux. Il a rappelé qu’ils dérivent de collyres utilisés contre le glaucome. Selon lui, le produit pénètre l’œil.

Une possible interdiction européenne encore à l’étude

À l’échelle de l’Union européenne, une évolution réglementaire se dessine. Les cosmétiques contenant des prostaglandines ou des substances similaires pourraient être interdits. L’Anses cite un avis préliminaire du Comité scientifique européen pour la sécurité des consommateurs. Publié en juin 2025, il a été soumis à consultation et discussion.

Selon ce document, aucun des trois analogues évalués ne peut être considéré comme sûr. La procédure doit encore aboutir à une règle applicable sur le marché. Dans l’intervalle, l’établissement public avertit des risques associés à ces produits. Il insiste sur le caractère irréversible de certains effets, pour l’iris.

L’agence invite enfin les personnes concernées à signaler tout effet indésirable. La démarche vaut pour les produits destinés aux cils, mais aussi pour d’autres cosmétiques. Un signalement aide à repérer des cas, puis à documenter les risques. En cas de gêne persistante, un avis médical reste prudent et utile.

Signaler un effet indésirable reste un réflexe utile

L’alerte rappelle qu’un geste beauté expose parfois les yeux à des substances actives. La question centrale reste l’information donnée aux utilisateurs, avant l’achat. En attendant d’éventuelles décisions, la prudence s’impose au moindre changement. Si une irritation apparaît, mieux vaut arrêter le produit et consulter. Signaler vite reste utile. Pour l’Anses, chaque retour d’expérience compte, afin de mieux encadrer ces cosmétiques.

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