À Paris, le logement de fonction protège et enferme à la fois. Quand le poste s’arrête, la loge doit être rendue. Dans une ville aux loyers élevés, retrouver un toit devient un parcours d’obstacles. Les demandes de logement social s’étirent. Pour plusieurs gardiens, la retraite ressemble à un compte à rebours. Le risque de précarité est bien réel, pour beaucoup.
Quitter la loge, retraite
Rue Lalo, à Paris (XVIe), selon leparisien.fr, Radhia Ben Rabah vit depuis vingt-cinq ans dans une loge d’une pièce. Canapé, lit, télévision, table. Elle évite la décoration, « trop chargé ». Elle propose un café, puis renonce. Un goût âcre persiste. Les pâtisseries restent intactes.
À 69 ans, elle se bat contre un cancer. La veille, elle a eu sa chimiothérapie. Elle veut se reposer, mais l’angoisse revient. Bientôt, elle doit prendre sa retraite. Le conseil syndical veut transformer la loge, pour vélos et poussettes. Ils attendraient ses 70 ans. Après, elle devra partir.
Sa demande de logement social date de onze ans. Un studio de 21 m² coûtait 800 euros. L’agence exigeait trois fois le loyer. Elle touche environ 1 200 euros nets. « J’ai travaillé toute ma vie », dit-elle. Elle veut « un petit coin où vivre et me soigner », avec un petit loyer.
Débat sur la retraite
En face, rue Lalo, Fatiha Dassi, 63 ans, vit depuis plus de trente ans. Elle y a élevé ses enfants. Dans un an, elle devra partir. Le matin, elle aspire, lessive, récupère le courrier. Elle échange avec la factrice, puis distribue.
Elle a débuté à 26 ans. Ce n’était pas bien payé, mais le métier lui a plu. Elle aide des personnes âgées, fait des courses, va chercher des médicaments. Les enfants, loin, se sentent rassurés. Elle peut appeler les pompiers. Une résidente a laissé son courrier deux jours.
Elle aurait voulu « profiter un petit peu de sa retraite ». Sa demande de logement social date de près de dix ans. Elle dit ne pas savoir comment faire. Jérémy Redler, maire (LR) du XVIe, reçoit des courriers. Il alerte sur des pensions faibles, sans capital. Certains finissent en hébergement d’urgence, voire à la rue.
Logement rare, fins de carrière prolongées
Au dernier Conseil de Paris, Jérémy Redler a déposé un vœu. Il demandait une priorité spécifique pour le logement social. Il voulait l’intégrer aux critères de cotation. La mesure viserait les gardiens proches de l’âge légal, ou en inaptitude médicale. L’avis a été défavorable. Il insiste.
Rue Duméril (XIIIe), Slavica Nikolic, 72 ans, préside l’UDGE. Originaire d’ex-Yougoslavie, elle est devenue concierge il y a vingt-cinq ans. Elle venait de divorcer et avait deux enfants. Elle pourrait prendre sa retraite depuis quatorze ans. Aussi, elle craint de devenir SDF.
Elle ne monte plus les sept étages, ne court plus, et voit moins clair. Elle cite scoliose, arthrose et anévrisme. Des proches proposent la Normandie ou la Bretagne. Elle refuse, seule, et ne conduit plus. Ses enfants sont à Paris. « Je ne peux plus changer mes habitudes », dit-elle. Sa demande de logement social date de dix-sept ans.
Pistes pour éviter des fins de carrière risquées
Le maire du XVIe veut revenir devant le Conseil de Paris. Il répète qu’il portera sa proposition jusqu’à ce qu’elle aboutisse. Le syndicat rappelle que des départs sont repoussés, faute de solution. Les demandes s’accumulent, tandis que l’offre reste rare. Pour les personnes fragilisées, chaque mois compte. Tant que rien ne bouge, la retraite reste une inquiétude, celle du toit.






