« Il ne supportait pas d’avoir trop de monde près de lui » : ancien garde du corps de l’Élysée, il raconte les coulisses de la protection des présidents français

garde du corps

Longtemps discret, un ancien responsable du SDHP revient sur la sécurité des présidents français. Au micro de Faustine Bollaert, il décrit un métier d’anticipation et de contrôle permanent. Ce garde du corps évoque aussi les compromis imposés par les déplacements officiels. François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy ont chacun rendu l’exercice plus complexe, selon lui. Il insiste sur la vigilance, la sécurisation et la discrétion.

Un garde du corps confronté aux habitudes présidentielles

Gilles Furigo a servi près de vingt ans au SDHP, le Service de Protection des Hautes Personnalités, affirme rtl.fr. Il en a pris la direction plusieurs années. Dans l’émission Un jour, une vie, il rappelle les règles de base. La mission repose sur la vigilance, l’anticipation et la sécurisation.

Son équipe a protégé des chefs d’État et des invités étrangers, dont Hillary Clinton et Charles III. Trois présidents français ont marqué sa carrière. La présence d’un garde du corps se discute parfois. Certains réclament plus d’espace et de spontanéité, surtout en public. Lui cherche un équilibre entre sécurité et liberté.

Jacques Chirac, attaché à sa liberté, contestait l’utilité d’un dispositif étoffé, selon Gilles Furigo. Le métier exige, dit-il, « un mouton à 5 pattes ». Pour convaincre, il rappelle une scène des années 1995 à 2000. Il montre une poubelle et évoque une bombe, afin de mesurer le risque.

Le regard d’un garde du corps sur le risque

Face aux questions de Faustine Bollaert, l’ancien patron évalue les réflexes de sécurité. Il souligne l’écart entre les tempéraments. Nicolas Sarkozy, dit-il, acceptait les alertes d’un garde du corps. En même temps, il exigeait une précision absolue et refusait l’improvisation. « Il ne fallait pas se planter », résume l’ancien chef.

Pour Jacques Chirac, l’expérience a parfois servi d’argument, raconte Furigo. En 2005, dans le 5e arrondissement de Paris, le président fait un AVC. L’équipe le transporte du Val-de-Grâce à l’Élysée, sans alerter le public. La nouvelle n’émerge que le lendemain, vers 13 h, au moment des universités d’été de l’UMP.

Ce silence opérationnel, se félicite-t-il, protège aussi l’institution. Il rappelle que la visibilité d’un dispositif se calcule selon la menace. Trop d’agents gêne les déplacements et attire les regards. Trop peu expose, même lors d’un simple bain de foule, insiste-t-il.

Entre discrétion, urgence médicale et gestes réflexes

Avec François Mitterrand, la protection s’organisait autrement. Le président n’habitait pas en permanence à l’Élysée. Il vivait rue de Bièvre, dit Furigo. La préfecture de police sécurisait le domicile. Cette répartition compliquait la coordination entre services, surtout en déplacement. Les équipes devaient ajuster les itinéraires et les points de passage.

La maladie cachée du chef de l’État ajoutait une contrainte. Furigo rappelle un cancer de la prostate. Chaque trajet devait rester court et calibré. Une faiblesse devait passer inaperçue. Malgré tout, Mitterrand écoutait souvent les consignes du garde du corps, nuance-t-il. Il cherchait pourtant, par moments, une liberté visible.

Le souvenir le plus brutal concerne un déplacement de Nicolas Sarkozy. Lors d’une poignée de main, quelqu’un attrape son col et le tire. L’agresseur est plaqué au sol en un peu plus d’une seconde. Furigo note que l’équipe ne disposait pas d’armes. L’épisode illustre la part d’imprévu.

Ce récit relance l’équilibre entre protection et liberté

Ses souvenirs, livrés à l’antenne, éclairent la frontière entre sécurité et exposition publique. Le récit insiste sur la discipline des équipes et sur l’imprévu d’un contact. Les services, affirme l’ancien garde du corps, doivent rester invisibles et prêts à agir. Cette parole pourrait nourrir une réflexion sur les dispositifs autour des dirigeants, sans céder au spectaculaire. À ce stade, le débat porte sur la liberté accordée au sommet.

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